Des jeunes MNA à Biganos
Biganos. Une aide aux mineurs non accompagnés
Depuis le 25 février, les locaux de l’hôtel du Delta vivent une deuxième vie. Ils ont, en effet, été rachetés par le Conseil départemental de la Gironde qui les amis à la disposition du centre de rééducation et de formation professionnelle de l’Institut Don Bosco pour y créer une Maison d’enfants à caractère social.
L’Institut Don Bosco, situé à Gradignan, est l’un des plus grands établissements régionaux spécialisés dans l’accueil et l’accompagnement éducatif et pédagogique des adolescents français ou étrangers en situation difficile au niveau personnel, familial, social, et scolaire et ce depuis 1857.
Du Mali à la Côte d’Ivoire
À Biganos, ils sont 17 garçons âgés de 15 à 17 ans. Originaires du Mali, de Guinée, de Gambie, du Cameroun et de Côte d’Ivoire, ils sont arrivés en France en traversant la Méditerranée ou en passant par l’enclave espagnole de Ceuta. Ni délinquants, ni demandeurs d’asile, ni réfugiés politiques, ils ont été reconnus MNA (mineurs non accompagnés) et à ce titre placés par l’Aide sociale à l’enfance à Don Bosco. S’intégrer coûte que coûte, aller au collège ou au lycée, trouver un apprentissage, voilà l’objectif de ces adolescents. Mais pour les éducateurs, il faut gérer les désillusions, les aider à s’imprégner de la culture et à contenir leur enthousiasme dans l’attente d’être scolarisés. « Si tu ne connais rien, tu n’es rien ! » explique Yaya, 16 ans, venu de Côte d’Ivoire. Le jeune homme souhaite devenir peintre en bâtiment. Alors, armés d’une motivation en acier, de leur carte de bus et de leur vélo, ils ratissent le secteur à la recherche d’un stage ou d’un apprentissage en coiffure, mécanique auto, restauration, électricité ou ce qu’ils trouveront. Les jeunes, comme tous les mineurs pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance, sont accompagnés par toute une équipe comprenant
des éducateurs spécialisés, des moniteurs éducateurs, une conseillère d’insertion, des veilleurs de nuit, un psychologue à mi-temps et une maîtresse de maison. De plus, à Don Bosco, on accompagne les jeunes jusqu’à leur immersion en entreprise et on maintient des relations avec les patrons pour que tout se passe au mieux. . Pour Sylvie Dufeu, la directrice de l’établissement : « Ce sont des jeunes très respectueux de part de leur culture et les dérapages restent exceptionnels, comme les jeunes Européens du même âge. » Il faut quand même noter deux différences : ils sourient quand on leur promet une dictée et préfèrent les « bons légumes » aux hamburgers.
Marianne Scott
Journal Sud-Ouest du 17/04/2019